Thèse : Accompagnement de projets personnels et professionnels de jeunes adultes non diplômés en entreprise d’insertion socioprofessionnelle
PRATTE (2017, juin). « Accompagnement de projets personnels et professionnels de jeunes adultes non diplômés en entreprise d’insertion socioprofessionnelle ». Thèse présentée à la Faculté d’éducation, Université de Sherbrooke en vue de l’obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph. D.) – Doctorat en éducation.
Source : Savoirs UdeS / http://savoirs.usherbrooke.ca/handle/11143/10627
Résumé
Cette thèse aborde la situation des jeunes adultes non diplômés au regard des conséquences du décrochage scolaire (chômage, pauvreté, exclusion sociale) et des difficultés que vivent ces jeunes au niveau de leur insertion socioprofessionnelle (Blaya, 2010; Bourdon, Bélisle, Garon, Michaud, van Caloen, Gosselin, Yergeau et Chanoux, 2009; Bourdon et Vultur, 2007; Statistique Canada, 2012, 2016; Supeno, 2013; Supeno et Bourdon, 2013; Trottier et Gauthier, 2007). Certaines de ces recherches ainsi que d’autres à travers le monde explorent les initiatives et les mesures mises en place pour contrer le décrochage scolaire et aider à l’insertion socioprofessionnelle de jeunes sans diplôme ou qualification (Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE], 2011, 2013; Smink et Schargel, 2007). Notre recherche se situe en entreprises d’insertion socioprofessionnelle (Ladeuix, 2001; Quintero, 2011) où se retrouvent environ 2000 jeunes de 18 à 35 ans sans diplôme de cinquième secondaire (Comeau, 2011). Des cher¬cheurs soulignent que certains jeunes adultes non diplômés sont acteurs de leur processus d’insertion (Trottier et Gauthier, 2007; Vultur, 2005). Cependant, peu de recherches examinent spécifiquement les projets personnels (reliés à la famille, à la résidence et aux relations sociales) et professionnels (relatifs notamment au travail, à la formation, à l’orientation et à la préparation à l’emploi) de ces jeunes au sein de structures mises en place au Québec. Certaines recherches étudient les projets professionnels en milieu scolaire (Beaucher, 2004, Beaucher et Dumas, 2008) ou les trajectoires de ces jeunes (Boutinet et Pineau, 2002; Supeno et Bourdon, 2013). D’autres soulignent l’importance de l’accompagnement (Pierre, 2009), mais sans explicitations ni liens avec les projets de ces jeunes. La présente recherche vise donc l’exploration de l’accompagnement des projets personnels et professionnels de jeunes adultes non diplômés en contexte d’entreprises d’insertion socioprofessionnelle québécoises. Il s’appuie sur les construits que sont l’accompagnement (Paul, 2001, 2002, 2009) et le projet (Boutinet, 2005) et l’accompagnement des projets (Boutinet, 2007a) afin d’aider à leur insertion sociale et professionnelle (Dubar, 2007). La recherche recourt à des typologies issues de différentes disciplines, dont l’éducation et le monde du travail, puisque les entreprises d’insertion comprennent des activités en lien avec celles-ci (Quintero, 2011).
La méthodologie s’appuie sur une stratégie d’étude de cas utilisant des entretiens semi-dirigés, des récits de vie et un journal de bord, permettant ainsi d’éclairer les projets personnels et professionnels des participants ainsi que les pratiques d’accompagnement de ces projets par divers intervenants au sein de ces entreprises. Les cas sont les 15 participants ainsi que deux entreprises d’insertion faisant partie du Collectif québécois et ayant conclu des ententes avec le milieu scolaire pour l’obtention d’un diplôme. De plus, le compagnonnage et l’accompagnement par les pairs y sont apparus comme des pratiques d’accompagnement distinctives. Ces résultats contribuent au développement des connaissances scientifiques sur l’accompagnement, les projets personnels et profession¬nels de ces jeunes et l’utilisation du récit de vie comme outil de collecte de données, le tout dans le contexte spécifique d’entreprises d’insertion socioprofessionnelle québécoises. Des pratiques d’accompagnement ont été discutées pour des intervenants, qu’ils proviennent du milieu de l’éducation, de l’intervention sociale, de l’orientation ou du milieu de travail. Ceci constitue une originalité dans les recherches puisqu’à notre connaissance, aucune recherche antérieure en milieu d’entreprises d’insertion socioprofessionnelle ne s’est inspirée, dans sa posture épistémologique, de l’apport de ces disciplines et n’a utilisé de construits de secteurs différents dans une optique d’apporter une richesse de résultats. Cependant, il aurait été intéressant d’obtenir les témoignages des intervenants, mais nous avons tenu à conserver l’originalité de donner la parole à des participants qui n’en ont pas souvent l’occasion. C’est donc un apport spécifique de cette recherche que constitue l’intérêt porté à l’opinion et à la vision des participants en tout premier lieu, donc le fait de donner la voix aux « sans parole » ou aux gens vulnérables et non seulement aux dirigeants, aux gestionnaires ou aux intervenants de ces milieux différents des entreprises traditionnelles, à la fois dans leur mission et leur fonctionnement. Notre recherche permet aussi une meilleure connaissance de ces initiatives que représentent les entreprises d’insertion socioprofessionnelle au Québec. Certains résultats pourraient aider également des praticiens de l’éducation, de l’orientation et de l’insertion, notamment, à mieux cibler leurs interventions en fonction des projets personnels et professionnels de ces jeunes et au plan de leur formation, une recommandation de stage en milieu d’entreprises d’insertion pour s’imprégner de ces structures et de leur double mission économique et d’insertion socioprofessionnelle (Trottier et Gauthier, 2007). Cette recherche peut également inciter des intervenants à devenir des intervenants-chercheurs et explorer encore plus en profondeur les modes d’accompagnement de ces jeunes adultes non diplômés et en situation de précarité ainsi que de mieux comprendre son milieu professionnel ou pour améliorer la qualité des services (Shaw et Lunt, 2011).